Du 15 Novembre au 05 Décembre dernier, Riyad, la capitale de l’Arabie Saoudite a vibré aux manifestations socioculturelles de la 03ème édition du Tuwaiq International Sculpture Symposium. Placée sous le thème de ‘’La poétique de l'espace’’, l’édition 2021 de cet évènement a permis à l’artiste Néo-Zélandaise Anna Korver Boko de remporter le premier prix en présence de plusieurs artistes saoudiens et internationaux concentrés sur l'interaction entre la lumière et l'ombre. Au détour d’une rencontre, la lauréate fait un zoom sur cet évènement international et livre ses impressions.
Reposant avant tout sur la notion d'échange culturel qui réunit des artistes du monde entier à Riyad grâce à un dialogue créatif ayant pour but d'embellir la ville, cette initiative a connu la sélection de vingt (20) sculpteurs parmi quatre cent dix-huit (418) candidats issus de soixante et onze pays. Tous les artistes sélectionnés sont venus à Riyad, où ils ont créé leurs œuvres sur une période de trois semaines, du 15 novembre au 5 décembre, à partir de blocs géants de marbre perlé noir et blanc importés d'Oman.
Photo de famille lauréats et participants
Au terme d’un travail minutieux, les membres
du jury international ont décerné le premier prix du symposium
à l'artiste néo-zélandaise Anna
Korver Boko pour son triptyque ‘’Les
Phares’’. Il s’agit d’une géante sculpture fusionnant des formes géométriques
abstraites avec de multiples combinaisons culturelles, ce qui fait naître des
figures féminines. « J’étais surprise d’être la première artiste à cet
évènement. Parce que, c’est énorme au regard du niveau de
l’évènement et la crème des artistes sélectionnés. C’est grand aussi pour moi, parce qu’en
Arabie Saoudite, parler de la femme, ce n’est pas aussi simple, surtout que mon
travail parle de cet être humain fragile et vulnérable. Je dirai que, la réaction autour de cette sculpture a été
positive. Je pense qu’il y a des choses
qui changent » a-t-elle exprimé. Selon ses propos, deux aspects majeurs
ont milité en sa faveur au cours de cette aventure. Le premier aspect a lien
avec la thématique de l’évènement. A en croire Anna Korver Boko, le thème de la compétition, ‘’La poétique de
l'espace’’, lui a permis d’occuper l’espace physique en trois dimensions à
travers sa sculpture. Le deuxième aspect est relatif à la sculpture mise en compétition. Il s’agit d’une
sculpture triptyque ‘’Les Phares’’ ayant un socle commun, de trois (03) mètres
de hauteur, et deux mètres vingt (2,20) sur les autres largeurs.
Le couple Boko-korver |
<<Je dédie ce prix à la femme. Parce que, la sculpture est autour de la femme. Il faut dire que la femme est une partie de la population dans le monde. Car elle n’a pas de voix. Je ne peux pas oublier de dédier ce prix à mon mari, Sébastien Boko. Parce qu’il m’a beaucoup soutenu dans cette aventure. Il y a aussi ma meilleure amie, Oriah Rapley » a –t-elle déclaré. Parlant du travail de Monsieur Sébastien Boko, Anna Korver trouve très adorable ses sculptures en bois et en métal. Elle sent une forte connexion entre les sculptures de Boko et ses propres œuvres. « J’attends l’occasion pour une grande exposition collective entre nous. Notre travail est en quelque sorte une complémentaire, comme nous faisons l’amour », a-t-elle conclu.
Par Rodéric DEDEGNONHOU, Journaliste à l’Agence Bénin Presse
QUELQUES NOTES SUR ANNA KORVER
Anna Korver est actuellement
basée à Taranaki, en Nouvelle-Zélande. Elle a occupé une pratique sculpturale à
temps plein depuis l'obtention d'un baccalauréat en beaux-arts en sculpture de
l'Université de Canterbury en 2003. Korver travaille à l'échelle nationale et
internationale sur des travaux d'exposition et des commandes privées et
publiques. Elle a été finaliste aux Wallace Art Awards à deux reprises (2016,
2018), invitée à exposer dans des expositions de sculpture en plein air à
grande échelle, notamment Brick Bay Sculpture Trail et Tai Tapu Sculpture
Garden, a participé à plus de 60 symposiums nationaux et internationaux de sculpture,
et a terminé projets de sculpture publique dans de nombreux pays, dont le
Japon, l'Égypte, l'Argentine et l'Australie.
Les œuvres de Korver sont
féminines dans leur identité et leur perspective, invitant à l'intimité et à la
connexion personnelle. Les formes sont minimalistes et s'efforcent de refléter
le moi intérieur sur la surface extérieure. Son travail est toujours venu d'un
lieu intérieur, réfléchissant sur la situation ou l'expérience actuelle. Les
concepts fondamentaux tournent généralement autour de la défense et de la
protection des femmes mais souvent d'un endroit subtil et doux. Ils remettent
en question et défient les rôles féminins traditionnels, offrant une force
différente où les côtés masculin et féminin sont en équilibre. La fragilité est
reconnue comme une force plutôt qu'une faiblesse, reflétant le plaidoyer du
féminisme en faveur de l'égalité pour les deux sexes.
Ses œuvres combinent un
équilibre entre les procédés de sculpture contemporains et traditionnels et
fusionnent entre réalisme et surréalisme. Korver a développé une série de
projets sculpturaux où l'expérience humaine est décrite sous différents angles
à la fois littéraux et métaphoriques, intériorisés et extériorisés. Certains
examinent les questions sous-jacentes sur la maison en tant que concept
transitoire en utilisant des symboles tels que la figure, le cube, les
récipients et les sections du paysage comme référence. Ces œuvres explorent
l'idée de chez-soi en tant que terme abstrait ; inspirant parfois un sentiment de
séparation, de piégeage, d'armement et de défense et d'autres fois un
sanctuaire, une évasion, un abri ou une protection. Ses œuvres récentes sont
continuellement curieuses du lien entre l'architecture et l'expérience humaine,
des personnes et des lieux ; la façon dont l'un affecte l'autre et comment
l'histoire et l'expérience de chacun vont de pair.
Korver a été copropriétaire de
la galerie Korver Molloy et du parc de sculptures à Taranaki pendant 4 ans,
membre du conseil d'administration d'Eco Artists New Zealand pendant 10 ans et
membre exécutif de la société de sculpture sur pierre Te Kupenga.